Je viens de lire le reportage du magazine Sport Auto de Décembre, intitulé très justement "Hold-Up" !
On y trouve le record du circuit Bugatti du Mans établi par mon camarade Christophe Tinseau sur la toute dernière Porsche 918 Spyder : 1'42''63. Ce temps sonne comme un boulet de canon et cela peut mettre le tournis à plus d'un pilote qui connaît le circuit en question. SSHH : SuperSonique Hypercar Hybride ! 887 chevaux, un chassis explosif, une transmission animée par ce qui se fait de mieux en boîte PDK, des pneumatiques Michelin taillés pour la bête et tout le savoir faire Porsche sur quatre roues.
En lisant l'article en question, mon regard s'arrête néanmoins sur la voiture qui occupe la seconde place du classement établi par les journalistes de Sport Auto : j'y retrouve l'ovni britannique que j'ai eu la chance de posséder l'espace d'une saison, à savoir la bien nommée "Radical SR3 SL". Je voulais une voiture de course différente de ce que j'avais eu précédemment : j'ai été servi.
Livrée au début de l'été par l'importateur français sur le circuit Bugatti, les capacités de la "petite anglaise" m'ont rapidement époustouflé. Créée pour le trackday et accessoirement pour la route, j'ai pris beaucoup de plaisir avec ma Radical SR3 SL tout en me rendant rapidement compte que le marketing avait ses limites. Sur la vidéo promotionnelle Radical, on pouvait en effet voir un hypothétique propriétaire passer de la route au circuit en un clin d'œil et revenir chez lui comme une fleur… sauf que…dans la réalité, l'absence d'assistance mécanique sur circuit et de remorque pour s'y rendre (et en repartir) rendait le retour à la maison très aléatoire.
La pub reste la pub et je dois avouer que la passion et l'excitation inhérentes à l'acquisition de ce genre de jouet envahissent toute la partie du cerveau normalement occupée par la raison. Il y a bien un extra-terrestre propriétaire d'une jolie SR3 orange et dont vous avez peut-être lu les articles dans le "Evo" français mais dans ce cas, c'est de la pure singularité ! Le garçon en question est un Mc Gyver déguisé en parisien capable de se débrouiller de tout avec rien. Dans la même lignée, il y a aussi mon camarade Gilles établi en Belgique pour qui sa fameuse Radical tout de rouge vêtue est un incroyable terrain d'exploration… sans fin ! Sa Radical SR3 SL n'ayant effectivement plus grand chose d'origine ;-))
Pour les autres gens à peu près normaux, comme vous et moi, la Radical SR3 SL reste un outil en perpétuel développement dont il faudra s'accommoder en termes de pannes et d'un entretien spécifique plutôt onéreux.
La Radical SR3 SL est sans aucun doute l'extrapolation d'un mix entre les Radical SR3 RS et SR8 dont le succès n'est plus à prouver, principalement Outre-Manche. L'ADN est de qualité mais le constructeur anglais n'a pas fait beaucoup d'efforts pour développer la pourtant prometteuse SL ("Street Legal"). Laissant à chaque importateur le "soin' de se débrouiller de… tout ou presque ! Mission délicate et ingrate pour l'importateur français qui malgré beaucoup de bonne volonté et de bonne humeur me laissa très dubitatif.
Le développement a un coût et ni l'importateur ni le client ne peuvent en supporter la majeure partie… Lorsqu'on achète une voiture neuve avec une plaque d'immatriculation et donc une carte grise, on se sent en droit d'attendre un service à la hauteur de ce qu'on aurait pu avoir avec une sportive concurrente…
Je garde malgré tout bien plus de bons souvenirs que de mauvais souvenirs durant les 5000 km (dont 4200 de circuit) réalisés avec ma Radical SR3 SL. L'objectif premier était de dégrossir le pilotage d'un prototype sur circuit avant de passer aux choses sérieuses en compétition pure. Ma Radical SR3 SL a parfaitement rempli sa mission mais finalement et à bien y réfléchir la plaque d'immatriculation ne m'a pas servi à grand chose : je regrette de ne pas avoir acheté une Radical SR3 RS, plus légère, plus fiable et totalement orientée "circuit".
Cela ne m'empêchera pourtant pas fin 2013 de faire l'acquisition d'une Norma M20FC qui me permit de courir la totalité du championnat VdeV 2014 au sein de mon écurie de coeur. Ma Radical, même inaboutie et imparfaite, a facilité la rencontre avec d'autres passionnés et je dois me réjouir d'y avoir croisé au moins un pilote et un coach devenus des amis intimes.
A bien y regarder, même si je considère la Radical SR3 SL bien trop chère pour son pedigree réel, sa seconde place au classement des "outils affutés" du magazine Sport Auto reste légitime. Environ 800 000 Euros, 600 chevaux et trois secondes séparent la Porsche 918 Spyder de la Radical SR3 SL. Et cette dernière reste quand même devant la horde des Mc Laren 12C, Porsche GT2RS, Lamborghini Aventador et consorts !
Pas mal non ?